Les modèles de la science fiction et l'avenir de l'homme dans l'espace

Dans le film Seul sur Mars de Ridley Scott, un avant-goût de la terraformation nous est proposé. Après une tempête, Matt Watney se retrouve seul sur Mars, ses équipiers ayant décidé de fuir la planète avec le vaisseau, pensant qu'il était mort. Première chose à dire ici : une tempête de cette envergure est impossible sur Mars ! L’atmosphère est si ténue que même des vents soufflant à 150 km/h ne vous feraient pas plus d’effet qu’une fumée de cigarette sur la joue. Mais laissons cette observation de côté, ce n'est guère ce qui nous intéresse. Le personnage se retrouve donc dans une situation critique ! Seul sur une planète hostile, il possède des vivres pour seulement 300 jours, en sachant que la mission suivante ne doit arriver que quatre ans plus tard... Ajouter à cela, par malchance, les moyens de communication avec la Terre ont été détruits par la "tempête". Il va alors devoir mettre en œuvre toutes ses connaissances scientifiques pour tenter de survivre. Pour cela, il va créer une micro-terraformation nous laissant imaginer la même chose en grandeur nature. Il va cultiver un champ de pommes de terre plantées dans le sol martien mélangé aux matières fécales laissées par l'équipage. Il va également brûler de l'hydrogène pour récupérer l'eau de la condensation.

 

Mais doit-on nous limiter à la création d'eau et de nourriture pour terraformer ? Est-ce une vision complète ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La terraformation est un procédé qui vise à modifier les propriétés chimiques, climatiques et atmosphériques d'une planète ou exoplanète, afin de la rendre habitable pour une vie terrestre en réunissant les conditions de vie terrestre. Pour cela, il faut créer une atmosphère de composition équivalente à celle de la Terre, condition essentielle au développement de la vie, ainsi que l’eau, la pression atmosphérique et la température. Il existe un terme officiel pour désigner cette science : la biosphérisation. Ce terme a été déposé au Journal Officiel le 17 Avril 2008 et il définit avec précision la « transformation de tout ou partie d'une planète, consistant à créer des conditions de vie semblables à celles de la biosphère terrestre en vue de reconstituer un environnement où l'être humain puisse habiter durablement ».

 

A la base, cette science est issue de la science-fiction. Dans la SF, elle a pour but de transformer l’environnement naturel d’une planète du système solaire, dans l’optique d’en faire un terrain d’asile pour l’espèce humaine. En effet, souvent on cherche à montrer que la vie sur Terre n'est plus possible à cause de l'Homme. La dégradation de nos conditions de vie sur Terre est alarmante, notamment en matière environnementale et climatique. L'augmentation de l’effet de serre due aux rejets de gaz issus de la surexploitation des énergies fossiles et de l'élevage intensif, la fonte des glaces engendrant la montée du niveau des océans (dilatation des océans due aux réchauffements climatiques), la déforestation massive,  la multiplication de tempêtes tropicales et autres risques naturels, tout cela est vraiment alarmant pour notre avenir ! Nous sommes donc en droit de nous questionner sur la viabilité de la planète Terre dans les prochaines décennies ; d'où l'idée de la biosphérisation en science.

 

Tout commence réellement avec l'américain Carl Sagan, un astronome, qui proposa de terraformer Vénus en 1961. Son idée était d'injecter en masse des algues dans son atmosphère. Le rôle de celles-ci aurait été de modifier la composition atmosphérique. Grâce au processus de photosynthèse, les algues auraient réduit le taux de gaz à effet de serre, responsable de l’enfer qui règne sur Vénus. La température ainsi réduite par ce phénomène aurait permis à l'eau de se condenser sous forme liquide. Par contre, les algues auraient rejeté du carbone sous forme minérale, celui-ci ayant la propriété de redevenir du CO2 sous de fortes températures, comme celles de Vénus. Le projet ne pouvait donc pas s'appliquer.

Les études se sont ensuite tournées vers Mars, plus proche et semble-t-il plus facile à terraformer car on sait que l’eau liquide a jadis coulé sur son sol, et que la vie a probablement dû s’y développer.

 

Mais quels sont les facteurs réellement à modifier, et comment, pour terraformer une planète ?

 

Tout d'abord, cela dépend de la température au sol de l'exoplanète. Actuellement, on connait des moyens pour terraformer des planètes froides tandis que pour des planètes chaudes, on n'en connait aucun... Nous allons donc réduire notre développement aux exoplanètes froides.

 

Pour réaliser une terraformation d'une planète froide, il faut plusieurs étapes indispensables. Tout d'abord, il faut réchauffer l'atmosphère de la planète afin de rendre les températures équivalentes à celle de la Terre. Pour cela, différents moyens existent.

 

     1/ Injecter des gaz à effet de serre :

 

• Injecter de grandes quantités de CO2 dans l’atmosphère pour augmenter l’effet de serre. En effet, le CO2 est un gaz à effet de serre, il va donc empêcher les rayonnements du soleil de repartir dans l'espace.

• Répandre des bactéries méthanogènes capables de survivre en milieu extrême tout en rejetant du méthane, un puissant gaz à effet de serre.

• Construire des usines chimiques produisant des dizaines de milliards de tonnes de CFC (une famille particulière d'halocarbures). Ce sont des molécules dont l’effet de serre peut être 10 000 fois supérieur à celui du CO2.

• Capturer des astéroïdes principalement composés d’ammoniac, un autre gaz à effet de serre, et les faire percuter la planète afin de libérer ce gaz sur la planète.

• Faire exploser des bombes thermonucléaires, soit afin de réveiller des volcans éteints qui rejetteront également du CO2, soit afin de faire fondre les calottes glaciaires si l'exoplanète en possède (idée de Elon Musk).

• Construire de grands miroirs de plusieurs kilomètres de diamètre qui reflèteront la lumière de l'étoile pour faire fondre les glaces et libérer le CO2 qui y était emprisonné.

 

 

2/ Modifier l'albédo d'une planète :

 

• Répandre une poudre noire, du charbon par exemple, sur la surface de la planète afin de réduire son albédo de Bond. En réfléchissant moins la lumière, la planète renvoie moins d'énergie donc elle la conserve, augmentant ainsi sa température.

 

Augmenter l’effet de serre par ces différents moyens provoquera ainsi une augmentation de la température qui fera fondre les glaciers et glaces présents sur la planète (attention, une planète n'en possède pas forcément). Ainsi, le CO2 emprisonné dans les glaces sera libéré, augmentant encore l’effet de serre. Au bout d’une centaine d’années, on espère que l’atmosphère pourra être assez épaisse pour bloquer les rayonnements nocifs de l’espace.

Egalement grâce à la fonte des glaces, on estime que des lacs, des fleuves, voir même des mers vont se former. Cependant, il existe là une seconde solution envisagée, au cas où cela ne suffirait pas. Elle consiste à capturer un noyau de comète glacé et de le faire percuter la planète. En effet, cela parait violent et capturer un noyau de comète est assez compliqué mais ça peut fonctionner

 

Ensuite, il faut que l’atmosphère devienne respirable pour un homme donc il faudrait une atmosphère à peu près équivalente à celle de la Terre. Pour cela, il va falloir répandre des cyanobactéries, autrefois appelées "algues bleu-vert". Elles ont été responsables de la présence et de la création de dioxygène sur Terre. De plus, elles sont capables de résister à un climat difficile. Leur rôle consisterait à capter le CO2 pour rejeter du dioxygène : c’est le processus de photosynthèse. L’augmentation du taux dioxygène dans l’atmosphère favorisera, comme sur Terre il y a quelques millions d'années, l’émergence ainsi que la croissance de plantes diverses et variées qui rejetteront, par le processus photosynthèse, une quantité encore plus grande de dioxygène. Au bout de 100 000 ans environ, l’apparition de mousses, de lichens et d’arbres permettra aux colons de respirer à l’air libre.

Comme on peut le voir, c'est donc un processus qui peut très vite devenir très très long. Mais au regard des technologies qui se développent, il sera peut-être possible de baisser ce temps de terraformation.

 

 

Le modèle de la terraformation, entrevu dans Seul sur Mars, pourrait donc bien être un des avenirs probables de l'homme.